samedi 27 octobre 2012

UNE CONSTITUTION D'UN AUTRE ÂGE, LA Vème RÉPUBLIQUE!


« Après moi le déluge » avait dit Charles de Gaulle, « après moi n’importe qui pourra devenir président », avait renchéri François Mitterrand. Mais tous deux eurent tort. Avec un peu plus d’humilité et d’honnêteté intellectuelle ils auraient pu s’inclure dans le lot des « n’importe qui ». Non pas que les 7 présidents de la Vème aient été pires que les 17 qui les précédèrent sous les II, IIIème et IVème républiques, peut être même furent-ils meilleurs (assurément de Pompidou) mais imagine-t-on un Deschanel, un Emile Loubet, un Félix Faure investis des pouvoirs octroyés par la constitution de la Vème république ? On en frémit, rétrospectivement.
Un pays comme la France ne produit qu’un homme d’exception par millénaire (ex : Charlemagne et Napoléon), mieux vaut donc ne pas trop tabler dessus et éviter la concentration du pouvoir en une seule main. Le calcul des probabilités pour qu’elle soit la bonne découragerait tout parieur. Sinon, gare au principe de Peter. C’est ce que les Anglais, Néerlandais et autres Américains avaient compris bien avant nous. Il n’y a pas d’homme providentiel et il faut se garder des autres. De tous les autres.

Que nous enseignent J Peter et Raymond Hull dans un essai vieux de plus de 40 ans, « Le principe de Peter » ? 
1° Que tout homme ayant ses limites de compétence, une fois ces limites atteintes sera, nécessairement, incompétent, 2° que plus on s’élève dans une hiérarchie plus on approche ses limites, 3° qu’au final, au sommet des hiérarchies, on ne finira par trouver que des gens incompétents. C’est pourquoi, concluaient-ils, tout allait mal.
C’était si évident que nul n’y avait pensé avant eux.
Or la Vème république favorise cette loi sociologique par son système hiérarchique d’une verticalité à nulle autre pareille, seule comparable à celle de l’ancien régime (dont elle est une survivance incongrue). On a donc toute malchance de voir reconduite, d’élection en élection, cet ordre des choses. Aggravée du syndrome pontifical d’infaillibilité que l’élu, fort de son succès, va développer et que son entourage, par esprit de cour, va entretenir et conforter. La remarque d’un Sarkozy « j’écoute les avis mais n’en tiens pas compte » en est l’inquiétante caricature.
Résultat : une république qui, en un demi-siècle, a accumulé les erreurs et fait moins bien que les précédentes, où l’autorité était diffuse. La France dans le monde n’a cessé de reculer dans tous les domaines, depuis 1958. Premier artisan de ce recul, n’en déplaise aux inconditionnels, un certain Charles de Gaulle. Homme du 19ème siècle égaré en plein 20ème.
Alors qu’une instabilité ministérielle chronique caractérisait la IV république, son développement économique fut spectaculaire et jusqu’au début des années 60, malgré le retour à l’ancien régime. Pour ne prendre que l’instrument de mesure comparative le plus significatif pour arbitrer entre les nations, le PIB par
habitant, force est de constater que la France a rétrograder à une modeste 10ème place en Europe, juste devant l’Italie et l’Espagne (sources INSEE).
Pour ne prendre que l’aspect économique, ce sont des concepts « venus d’en haut » aussi ridicules que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille» ou le retour du « franc or », sans oublier « l’ardente obligation de la France » qu’était censé être le plan imité des... régimes communistes. Aujourd’hui grâce à la crise, si on peut dire, les Français commencent à recouvrer la vue, les yeux bandés depuis plus de 50 ans par une constitution plus archaïque que celle de la IIème république, celle du futur Napoléon III. Ils voient bien, à leur tour, qu’ils n’auront pas d’hommes providentiels pour les sortir du pétrin. La faillite de la Vème, qui a moins bien réussi que le régime tant décrié de la IVème et sa sœur jumelle qui lui a survécu en Italie est là, sous nos yeux, cruelle.
Il est donc plus que temps, pour eux, de changer d’institutions. Franchir deux siècles de retard, quitter le 19ème    et faire leur rentrée, enfin, dans le 21ème.

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