... Comme savent l’amener les femmes la question du mariage vînt, un jour, à se poser. Mais je n’y étais pas prêt et répondais ni oui ni non, renvoyant l’échéance à toujours plus tard. Mes arguments étaient valables, les études, le service militaire...
Cette question délicate est, le plus souvent, un objet de conflit entre les femmes et les hommes. Mais les uns comme les autres en ignorent la cause profonde : la mutation des premiers groupes humains. Ici je veux ouvrir une parenthèse anthropologique.
L’homme est un mammifère et, comme chacun sait, il en a toutes les caractéristiques et le comportement. Il est donc sujet au comportement dit du « mâle dominant » ou, du moins, celui d’un mâle qui voudrait dominer. Par essence le mâle est polygame. Et, du reste, dans de nombreuses cultures, il l’est encore. Mais pour obtenir la paix sociale chez les mammifères bipèdes il fallait permettre au plus grand nombre de pouvoir s’accoupler. Cas des singes bonobos, très proches de l’homme.
C’est donc la recherche de la paix sociale qui a donné naissance au « à chacun sa femelle » ou monogamie, formalisée dans le rituel du mariage. Le mariage est donc bien une invention sociale, mais contraire à la nature de l’homme, pris en tant que mâle.
Pour celle qui n’est encore que la femelle, plus mammifère que l’homme, elle avait toujours accepté passivement le mâle dominant, porteur des meilleurs gènes du groupe, chaque fois qu’il venait s’accoupler à elle. Mais peu à peu le besoin de la paix sociale au sein des premiers groupes humains s’est opposé à ce qu’il y ait un mâle dominant, au contraire des autres mammifères.
A défaut de mâle dominant, au surplus, difficile à identifier au sein d’un groupe dans lequel les confrontations entre mâles se faisaient de plus en plus rares, la femelle va finir par conquérir la maîtrise du choix (car c’est elle, au final, qui va orienter le choix) quittant ainsi son statut de femelle pour devenir femme. Et c’est en tant que femme qu’elle va pouvoir faire valoir sa demande d’exclusivité. Pourquoi ?
C’est que l’ancienne certitude du temps des mâles dominants a disparu. La semence du partenaire qu’elle s’est choisie sera-elle à la hauteur de ses attentes, en qualité et quantité ? Elle ne peut donc plus courir le risque de l’ancien partage du reproducteur. Elle a besoin d’« exclusivité spermatique » pour garantir sa mission génitrice. Et c’est là que la nouvelle institution du mariage va la servir.
Pacte à deux auquel le groupe va se joindre pour lui apporter sa caution et ses interdits afin de lui procurer le maximum de stabilité. La femme s’est donc faite prosélyte d’une institution, au départ destinée à garantir la paix sociale, mais à laquelle elle finira par y ajouter le monopole du partenaire. Il faut remarquer que cette étape, aujourd’hui largement majoritaire, n’est pas encore totalement accomplie dans tous les groupes humains, preuve qu’elle est récente.
Cette alliance objective entre la femme et la société est ainsi devenue le meilleur garant de la paix sociale au sein du groupe et sa perpétuation, mais pas seulement. D’acquis le mariage est devenu inné chez les femmes, et uniquement les femmes, car forcé de s’inscrire dans le patrimoine génétique pour garantir la procréation.
Pas chez les hommes mâles où il est resté contraint.
Pas chez les hommes mâles où il est resté contraint.
Évidemment, à l’époque, j’étais à cent mille lieues de ces réflexions. Je voulais simplement conserver ma liberté, en particulier en matière sexuelle, en ignorant que ce qui dictait ma conduite venait du fond des âges.
J.A. de Bonichon (tiré de « la vie amoureuse.. »
www.editiondelomnibus.com
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