Par une belle soirée d’été, si l’on est proche d'une mare, on entend les grenouilles coasser à l’unisson. Le pauvre Louis Gallois a du être grenouille dans une autre vie pour avoir pondu un rapport à l’unisson des grenouilles patronales qui, depuis la fin de l’été, coassent « compétitivité, compétitivité ». Après les 300 mesures du rapport Attali (mort né), en voici 22 mesures destinées à enfoncer des portes ouvertes sur... rien. Pour sauver les entreprises il faudrait 40 milliards de baisse de charges salariales, clament les uns ! 30 suffiront écrit- il ! Et le gouvernement d’en retenir 20, pour... 2014.
Et pourquoi 40, qui ne sont que 3% de la valeur ajoutée (1 200 milliards d’euros) du PIB français ? Veux-t-on nous faire croire qu’en réduisant de 3% le coût de nos biens et services les entreprises françaises seront capables de tailler des croupières aux produits allemands et chinois sur les marchés mondiaux ? C’est prendre le gouvernement et les Français pour des c..., (et qui n’est pas loin de réussir) et creuser un peu plus les déficits.
Mais quels produits, quand l’industrie française, depuis des décennies, est à court d’innovations ? Avec des dirigeants en place qui ne sont que de simples financiers, incapables d’imaginer, de concevoir et mettre en œuvre, comme on sut le faire les industriels allemands. Et pour cause, lesquels d’entre eux sont ingénieurs, chercheurs, inventeurs ? Existe-t-il un seul créneau ou la France
industrielle d’aujourd’hui se distingue? L’automobile? La machine outil? L’électronique ? L’informatique ? Seule, peut être, l’aéronautique. Mais EADS n’est pas toute la France et beaucoup d’Europe. On prête au chancelier Schroeder d’avoir été l’artisan du succès allemand. Mais il n’en fut qu’un maillon, minuscule. Le challenge est venu de beaucoup plus loin, d’aussi loin que la seconde guerre mondiale. Les canons et les chars allemands n’étaient-ils pas, tristement, réputés sur les champs de bataille ?
Non, le choc de compétitivité tant espéré, ne figurera que sur la page de couverture du rapport. Et les mots sont le seul domaine où la compétitivité de la France reste en pointe. Il faut des ingénieurs, des chercheurs, des inventeurs à la tête des industries françaises. Pas des « phraséologues ». Et en admettant, ce dont je doute, que la prise de conscience se fasse aujourd’hui, il faudra une génération avant de toucher les premiers dividendes. Notre retard n’est pas de dix ans, mais de vingt cinq ! Résultat, pas d’autres moyens que de tricher pour gagner du temps et survivre jusque là. Avec le seul atout qui nous reste, l’euro. Mais il devra subir une petite révolution qui passe par une révision, des traités européens (Maastricht et Lisbonne).
Dans « Triple A pour triples ânes » qui fut, parait-il, sur le bureau du président j’avais développé cette problématique. Les premiers actes de début de quinquennat m’ont fait espérer. Six mois après j’ai le sentiment que le nouveau président n’a rien appris ni rien oublié de son prédécesseur. A quoi bon en changer alors ? Et le sympathique « ministre du redressement productif » risque fort de finir « ministre improductif du redressement ».
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