Nos dirigeants politiques, de droite comme de gauche, se sont à nouveau laissés bernés par la décision de l’agence de notation « Moody’s » de baisser d’un cran la note française, de AAA à AA1. Les uns blâmant l’équipe gouvernementale précédente (Moscovici) tout en renouvelant leur profession de foi au marché, les autres (les frères ennemis Fillon, Copé) faisant porter la faute aux 6 mois « catastrophiques » de la nouvelle équipe dirigeante. Mais tous de rendre compte à la même autorité et venir s’y justifier : le marché !
Il vaut mieux prendre un peu de recul pour s’assurer qu’on n’a pas dit d’âneries. Voici ce que nous écrivions en septembre 2011 à propos des ânes (voir « Triple A pour triples ânes !»)
« La pensée unique prône une politique vertueuse de réduction des déficits, partout. La rigueur. C’est la troisième sottise de nos dirigeants (il n’est pas sot d’être rigoureux mais il est sot de l’être à contretemps), après leur aveuglement de 2007/2008 et le recours massif au crédit. C’est aussi celle du FMI et de sa nouvelle directrice, la marquise de Touvatrébien.
Mais cette politique est vouée à l’échec, pour trois raisons :
- la première est qu’elle ne donnera aucun résultat en matière de résorption de la dette. Prenons un exemple et admettons qu’un Etat comme la France soit en mesure de dégager un excédant budgétaire de dix milliards d’euros par an (hypothèse hautement improbable puisque le déficit actuel est de l’ordre de dix fois plus, près de cent milliards d’euros). Il faudrait 180 années d’efforts constants pour venir à bout de l’endettement. Est-ce vraisemblable ?
- La seconde est que cette politique provoquerait une récession générale des Etats et ainsi le remède serait pire que le mal et la dette ne ferait que croître. On l’avait déjà constaté en 1929. Il faudra la seconde guerre mondiale pour voir le monde sortir définitivement de la grande crise des années 30.
- La troisième est qu’une telle politique finirait par engendrer des cataclysmes sociaux dont nul ne saurait dire où ils nous conduiraient.Et nous avons déjà sous les yeux le constat de ce triple échec : la Grèce (dont l’aide fournie par les autres Etats européens est une autre ineptie. On endette des Etats déjà endettés pour venir au secours d’un Etat hyper-endetté, 350 milliards d’euros, qui ne pourra rembourser ni les uns ni les autres). C’est ce qu’on appelle le nivellement par le bas... »
Mais, objecterez-vous, comment se fait-il que les Etats trouvent toujours à emprunter sur les marchés ? N’est-ce pas, justement, parce que la politique que vous dénoncez ici est, au contraire, seule à les rassurer ? Poser la question c’est y répondre.
Et voici la réponse qui a échappé à la plupart !
Il faut d’abord comprendre ce qu’est le « marché ». La réunion de tous les acteurs économiques sous une même bannière : «l’argent». Et il faut savoir que «l’argent» est le seul véritable agent fédérateur sur la planète. Il transcende les Etats, les religions et les races et ainsi crée une véritable intelligence collective (un peu à l’image d’Internet, du reste mise à contribution). Ce que la force, la diplomatie et la politique n’ont su faire, lui l’a fait. On comprendra par là qu’il l’emporte partout, sur tout et tout le temps, en particulier sur les acteurs politiques qui même au sein d’une nation, voire d’un parti, n’arrivent pas à s’unifier. Voilà comment il finit pas imposer sa loi aux politiciens dont seuls ceux qui s’en font les serviteurs (les anglais, les allemands) trouvent grâce à ses yeux. C’est ce que le marché a fait signifier à François Hollande qui vient d’en accuser réception lors de sa dernière conférence de presse.
Après Sarkozy, de pourfendeur il vient d’inscrire son nom au « rôle » des serviteurs.
Mais le «marché» à deux talons d’Achille. Les crises cycliques de l’économie et la monnaie.
1°) Les premières il ne les contrôle pas mais savait en tirer profit, mais pas de l’actuelle. Comment placer l’excédant de liquidités en période de récession durable et où trouver la sécurité requise ? Une seule réponse, les Etats. C’est la seule structure durable et fiable qui s’offre au « marché » en cette période de troubles.
Il va donc souscrire les emprunts d’Etat n’étant pas même tenu des échéances puisque librement négociables à tout moment. Ce n’est donc pas tant le plafond de l’endettement qui lui fait souci, que la capacité de l’Etat à faire face à la charge d’intérêts (50 milliards par an pour la France).
Et voici ce qui explique sa pression constante pour forcer les Etats à pratiquer une politique d’austérité : que le premier servi par la collecte des impôts soit le poste budgétaire du « marché », la charge des intérêts.
Il va donc souscrire les emprunts d’Etat n’étant pas même tenu des échéances puisque librement négociables à tout moment. Ce n’est donc pas tant le plafond de l’endettement qui lui fait souci, que la capacité de l’Etat à faire face à la charge d’intérêts (50 milliards par an pour la France).
Et voici ce qui explique sa pression constante pour forcer les Etats à pratiquer une politique d’austérité : que le premier servi par la collecte des impôts soit le poste budgétaire du « marché », la charge des intérêts.
2°) La monnaie est le second talon d’Achille du marché. Il a longtemps été victime de ses manipulations (c’était même le seul domaine où le politique l’emportait sur lui). Mais là aussi, en particulier avec la création de l’euro, le marché à réussi à canaliser ce paramètre qui lui échappait. Interdire aux Etats sa manipulation (traités de Maastricht et de Lisbonne) au nom d’une idée reçue et généreuse, l’inflation est la ruine des « petites gens ». En réalité l’inflation était la ruine des prêteurs et donc des marchés.
Les Etats, comme les marchés, ne peuvent rien (ou pas grand- chose) face aux grands cycles économiques (Kondratieff), ils sont des « tsunamis ». Par contre ils ont encore en main, s’ils le veulent, la monnaie. Et nous le redisons à nouveau en vertu du principe que les idées sont comme les clous, plus on tape dessus plus on les enfonce.
Il est trop tard pour sortir de la crise par la politique d’austérité réclamée par les marchés, à son seul profit. Il est par contre encore temps de sortir l’euro de sa boite et le stylo de sa poche pour amender les traités européens signés par des ânes aux ordres du marché.
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