vendredi 10 janvier 2014

LE DINDON ET LE COQ











Extrait des « Contes et fables de l’Omnibus, d’hier et d’aujourd’hui »




                                                   LE DINDON ET LE COQ


Un dindon fut élu roi de la volaille
après maintes promesses à la gens volatile
assuré qu’il était de l’humeur versatile
des électeurs à plumes valant moins que piétaille.

Les promesses n’engagent que ceux à qui on les fait.
Il se dépêcha donc par oublier les siennes
et profiter du poste, advienne quoique advienne,
avec droit de cuissage prévu à cet effet.

Le plus clair de son temps passé au lit des dindes,
répudiant la première, cocufiant la seconde
avec une troisième, joliment teinte en blonde,
qu’on ne pouvait penser être venue des Indes.

Un jeune coq ambitieux qui avait concouru
reçu de ce dindon le ministère des plumes,
haute charge de police dont il s’en fit costume,
le visage austère et la mine bourrue.

Ce poste était pour lui le meilleur des tremplins
pour succéder au gallinacé volage,
opta donc l’opposé de ses us et usages
pour se rendre populaire des nobles et des vilains.
 
Pourvu d’informateurs partout dans la basse-cour
rien n’échappait à sa grande vigilance,
ainsi sut du dindon son absence de prudence
de ses sorties nocturnes pour aller faire sa cour.

« Sire je n’ai point pouvoir m’opposer à vos fêtes



mais au moins permettez que je porte protection
à votre majesté et lui fasse suggestion
de faire comme l’autruche, au moins cacher la tête ! »  



« Chantecler tu es de bon conseil » dit le roi
« je vais de ce pas mettre un pot sur ma tête,
et nul ne saura mot de mes sorties secrètes ».

Comment pouvait-on être si naïf, maladroit ?

Car, de bien entendu, le coq diffusa la nouvelle
qui servait son image puritaine et sévère
par contraste d’un dindon à la mine pépère
découvrant la belle vie auprès de jouvencelles

Prenons garde de gouter aux dindes de Noël
bien au-delà du temps, jusqu’à la fête des rois.
Un dindon y perdit le pouvoir et ses droits
au profit d’un jeune coq au bec enduit de miel

L’histoire de France est remplie de tels niais,
Louis le fainéant par Capet supplanté,
Jacquot l’indolent par Nico confronté
François le débonnaire sous Manu l’Aragonais !



GBA à la fontaine

10.01.2014
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