Extrait des « Contes et fables de l’Omnibus, d’hier et d’aujourd’hui »
L’IMPÔT ET LE CUL
Un mal étrange se répandit comme peste
au pays qu’on disait de milles et autres lieux
et gouvernement réduit à implorer les cieux
car atteint de façon qu’on ne peut plus funeste
Les impôts, puisqu’il faut les nommer par leur nom,
ce mal qui contamine, cette vile affliction,
qui limite la pensée et plus encore l’action,
le propre des gouvernants sans gloire ni renom.
Ne sachant comment arrondir ses fins de mois
le roi François prit conseil des ministres.
« Est-ce notre politique la cause du sinistre ? »
« Que nenni messire ! » dirent-ils sans émoi.
« Votre majesté est trop habile gouverneur,
c’est à nos moeurs passées qu’il nous faut remédier
c’est le message que le ciel nous a expédié »
ajouta la ministre en charge du bonheur.
« Que faut-il que je fasse ?» demanda l’indécis.
« Changeons donc toutes ces moeurs qui sont par trop usées,
en particulier les rapports entre sexes opposés ! »
répondit la ministre en charge du précis.
« Mais n’avons-nous point fait le mariage pour tous ?»
« Sire ce n’est point assez il nous faut plus encore,
taxer les trottoirs avec toutes leurs pécores
qui arpentent pour séduire les clients sur le pouce »
Le bon roi indécis se gratta le menton,
" la tache est digne d’un roi, nul n’y a réussi ! »
« C’est pourquoi il nous faut l’engager sans souci.
Bonne morale justifie que l’on donne du bâton »
« Soit !» répondit le roi « qu’il en soit donc ainsi !
Mais point de bâton et voyons l’exploitation
qui est faite du sexe avec sa punition ! »
« Il faut taxer la passe, c’est le rôle de Bercy ! »
« Une nouvelle taxe ? Quelle bonne idée » dit le roi
« Oui, Sire, une nouvelle taxe à mettre au compte du cul, »
dit le surintendant, collecteur des écus,
« à charge du client pris en plein désarroi »
C’est ainsi que l’Etat se fit proxénète.
Après avoir pompé les conducteurs de chars
et autres individus risquant d’être revanchards
il pompa les discrets, les sans « prise de tête ».
La morale et l’impôt font souvent bon ménage.
Méfions-nous de ceux qui s’habillent en dévots
sous leurs masques se cachent des collecteurs d’impôt
avides de notre argent, avides de nouveaux gages
GBA à la fontaine
24.11.2013
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