LA CRISE DE CENT ANS ?
L’éternel retour de l’histoire est-il inscrit dans les astres ? C’est ce que croyaient les anciens Babyloniens qui, juchés du haut de leurs ziggourats, observaient les configurations astrales guettant le « remake » de certaines d’entre elles. A partir du ciel on pouvait donc prédire ce qui adviendrait sur Terre. Nostradamus n’agissait pas autrement en préparant ses Centuries astronomiques.
Pour les sceptiques (dont je suis) l’histoire ne se répète pas. Il n’en demeure pas moins qu’elle a tendance à… bégayer. Après tout des causes voisines n’entraînent-elles pas des effets similaires ? Ainsi notre futur aurait laissé des traces quelque part dans l’histoire ! Une succession ininterrompue de gouvernants calamiteux, comme aujourd’hui.
1789 ? Beaucoup y voient les mêmes prémices d’une nouvelle révolution : François Hollande ne serait-il pas Louis XVI ? Tous deux faibles à l’intérieur et audacieux à l’extérieur (guerre en Amérique pour l’un, guerre en Afrique pour l’autre). Leur temps connut la crise économique accompagnée de sa misère sociale. Mais deux facteurs déterminants me font douter de ce rapprochement qui ne manque pas, néanmoins, de pertinence. La dynamique révolutionnaire, très forte en 1789, quasi inexistante aujourd’hui et des prédécesseurs directs du roi sans tête, aussi dépourvus que lui.
Si la répétition de cette période de convulsion n’est donc pas à retenir, quelle autre ? Peut être les guerres de religion et les trois fils ineptes de Henri II ? Mais en ce temps
là il y avait de la révolution dans l’air qu’on appela, de façon plus mesurée, la réforme. Il nous faut donc remonter plus loin encore, jusqu’à… la guerre de cent ans.
Elle prit place quand trois rois presqu’à la file, tout aussi ineptes, succédèrent aux Capétiens. Les premiers Valois. Cette transition a quelque chose de 1995, qui vit une nouvelle triplette de présidents élus accomplir la prophétie hautaine d’un François Mitterrand qui assurait qu’après lui, « n’importe qui pourrait être élu président ». Et c’est ce qui advint. Mais revenons à nos Valois :
1°) A commencer par Philippe VI de Valois qui débuta une simple carrière de régent (l’équivalent d’un premier ministre), avant de devenir roi par un énorme coup de chance. Voici comment le décrivait Froissart « ce roi Philippe en son jeune temps avait été un rustre poursuivant joutes et tournois». Sa défaite à Crécy inaugura la guerre de cent ans et la fin de son règne connut la grande peste qui amputa le royaume de la moitié de sa population. Les mauvaise nouvelles volent en escadrille, comme l’affirme un fin connaisseur, Jacques Chirac.
2°) Son successeur, Jean II, dit « le bon » sera pis. On lui doit (tiens-tiens) la création du Franc, qui allait disparaître… précisément avec l’avènement de Jacques Chirac. On lui doit aussi une énorme rançon et les taxes nouvelles pour la payer. Rançon qui nous renvoie à la dette de la France d’aujourd’hui et au flot d’impôts qui s’en est suivi.
3°) Nous allons sauter Charles V, qui fit exception, pour nous intéresser à son fils, Charles VI, dit le fol. Il n’était fou que par intermittence et sa femme, d’origine italienne par sa mère (elle aussi Milanaise !) était folle de son corps et des deniers de l’Etat… On lui doit, après la défaite d’Azincourt, sa soumission à l’Angleterre (comme d’autres à l’Allemagne de Merkel) mais aussi l’instauration du premier régime de retraites en France… auquel notre « moderne » triplette est aujourd’hui confrontée.
Bien sur Jacques Chirac n’est pas Philippe de Valois, Jean II ne ressemble guère à François Hollande et la folie de Charles VI n’est pas celle de Nicolas Sarkozy. Mais l’histoire nous renvoie de drôles d’échos, d’une troublante actualité ! Et si la crise que nous connaissons aujourd’hui était là pour durer les cent prochaines années ?
GBA
Le 08.12.2013
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