LE DOGUE ET LE PINGOUIN
Un dogue fort mâtiné avait bel appétit.
Os, pâté ou vieilles carcasses de poulet,
sans compter maints reliefs, restes de cassoulet,
de sa forte nature il n’avait point répit.
Comme, en la circonstance, il fit nombre d’envieux !
« Qu’est-ce donc ce sans gêne ? Voyez-le ce malpropre
qui de gamelle d’autrui fait la sienne propre ! »
disait-on au pays des milles et autres lieux
Faire étalage ainsi de pareille bombance
n’est-il pas sot, stupide provocation ?
nécessitant ferme, circonstanciée sanction
pour châtier pareille outrecuidance ?
Voilà que le mâtin aimait le sport d’équipe
qui consiste à pousser la balle dans la niche
de ses voisins canins. « Je parie bien que, chiche,
j’en sortirai vainqueur et sans que rien ne grippe ! »
Mais l’arbitre du tournoi en jugea autrement.
« Vous avez triché ! » dit-il au quadrupède
« et serez sanctionné à la mode des bipèdes,
privé de liberté, mais pas de vos tourments ».
C’est ainsi que le fier, l’orgueilleux animal
se trouva enchaîné pour quelques peccadilles,
pensant devoir son sort à de simples broutilles,
un vil os enterré pour prix de tout son mal !
L’histoire eut pu s’achever comme chez les romains
dont la roche tarpéienne est le suprême dol
faisant signe au vainqueur, du haut du capitole
que la gloire est changeante, qu’elle n’attend pas demain !
Or il arriva, en cette contrée canine,
qu’un pingouin élu roi du peuple aboyeur
un manchot, pour tout dire, mais point un empereur
ouï le dogue, flatteur, réciter la comptine.
« Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! »
répétait l’animal au monarque attendri
qui arbitra querelle, ayant son parti pris
en faveur du mâtin sorti du caniveau.
« Veuillez prendre ces os et toute la moelle avec
qui vous feront légères vos misères passées,
cette manne vient du peuple, vous pouvez y puiser,
l’assurance nous en vient de l’oiselle à long bec.
Le dogue bomba le torse, retrouva son allure.
« Du sport je me détourne, j’y perdis ma morale.
Pourquoi pas une gazette, pourquoi pas un journal
Qui puisse révéler ce qu’est ma vraie nature ? »
Ainsi le dogue alla rejoindre la volaille
pour y faire connaître son talent caqueteur
mais chasser naturel, il reviendra sur l’heure.
« Fi donc de ma gamelle ! Sur pieds ma victuaille ! »
GBA à la Fontaine
19.01.2013
Email : correspondance@editiondelomnibus.com
www.editiondelomnibus.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire