mercredi 19 septembre 2012

QUAND C’EST FLOU...

... c’est qu’il y a un loup » disait la grand-mère de Martine Aubry. Ce slogan dont le phrasé, à peine modifié, pourrait être une vexante parodie de l’annonce publicitaire d’un célèbre fabricant de lunettes, pourrait bien finir par toucher du doigt le point faible du mandat présidentiel qui vient de s’ouvrir.
Certes le nouveau Président ne commet pas les fautes grossières de son prédécesseur, dont le mandat aurait pu se résumer par ce titre d’une comédie de Shakespeare, «Beaucoup de bruit pour rien », mais il donne la fâcheuse impression, non seulement d’être dépassé par les évènements (ce qu’on peut admettre face à l’ampleur de la tache) mais aussi par les hommes (et femmes) qui l’entourent, ce qui est moins admissible dans sa fonction.

Après avoir répété, tel Caton l’ancien, que la réforme du traité de Lisbonne, et en particulier son article 123 (voir l’article précédent « Encore un petit effort M Draghi »), est un préalable sans lequel aucun redressement économique n’est envisageable, j’ajoute que la chute actuelle des taux d’intérêt sur les marchés financiers pour les emprunts d’Etat ne doit pas faire illusion et que toute ratification du pacte budgétaire serait prématurée. D’autant que la France vient d’entrer en récession pour une période indéterminée, mais certainement longue. Attendons de voir ce que les socialistes néerlandais, attendus au pouvoir, feront.

Et ce constat, du moins en partie, a du être effectué dans l’entourage proche du Président. Il est donc vraisemblable que dans cet entourage quelques uns anticipent déjà un échec. Ce qui les pousse, des maintenant, à se démarquer. Ils sont faciles à identifier d’autant qu’ils figuraient tous comme candidats aux primaires socialistes :

Le plus manifeste, aujourd’hui, est Manuel Valls qui suit une démarche à la Sarkozy. Ministre de l’intérieur à poigne (on verra si c’est une poigne de communication, comme son prédécesseur, ou une poigne d’action). Et le mimétisme ne s’arrête pas là. Fils d’immigré, ancien maire, actif, privilégiant les opérations « coups de poing » (voir les expulsions de Roms). Si on devait le voir un jour en jogging devant les caméras, l’illusion serait totale. Prendra-t-il François Hollande pour un Jacques Chirac bis ?

Mais il y a aussi Arnaud Montebourg qui fait entendre sa petite différence. Contre les dirigeants de Peugeot, en faveur du nucléaire. Sa veine à lui ce serait plutôt la gauche nationale, pas très éloignée de celle de Mélenchon.

Enfin Martine Aubry qui, trop contente de la situation dégradée actuelle se gardera bien de renoncer à la direction du parti socialiste. Pour preuve la bataille qu’elle vient d’engager pour le non cumul des mandats. Et on ne tardera pas, au train où vont les choses, à voir ressortir des placards, de manière feutrée, la « gauche molle » accompagnée d’un « je vous avais bien prévenu ».

Ainsi, 100 jours à peine après sa prise de fonction, la campagne pour les élections présidentielles de 2017 est déjà lancée. Et si François Hollande n’a pas grand-chose à craindre sur sa droite (qui va se diviser profondément entre des candidats à petite pointure), il a tout à craindre sur sa gauche d’une coalition hétéroclite mais qui lui fera payer cher un échec économique. Et sa survie politique risque d’être aussi courte que celle de son prédécesseur et pour les mêmes motifs :
ne pas avoir su appréhender le problème principal et l’éradiquer, le traité de Lisbonne et son article 123. La petite accalmie de cet été sur les places financières due aux propos du président de la BCE, Mario Draghi, en a bien été la preuve. Mais maintenant il faut des actes.

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