« Ce n’est pas le déficit qui est cause de la crise, mais la crise qui est cause du déficit ». Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie
Nous n’avons cessé de le dire. La crise actuelle est une crise financière et européenne, qui s’exporte au monde entier. Pas une crise monétaire, l’euro s’étant imposé très vite comme l’une des deux grandes monnaies de réserve, sur laquelle veille ses détenteurs comme à la prunelle de leurs yeux (n’en déplaise aux « cassandres » de tout bord).
Non, il s’agit bien d’une crise financière provoquée par les virus inoculés (par des irresponsables) dans les traités européens, plus précisément les articles 104 (traité de Maastricht) et 123 (traité de Lisbonne), faisant interdiction à la BCE de souscrire aux obligations émises par les Etats membres (encore que les organisations étatiques ne soient pas spécifiquement désignées), au nom de la lutte contre l’inflation. Résultat : la mise sous tutelle desdits Etats envers les marchés de capitaux et les agences de notation qui en sont les régulateurs.
C’est la première fois dans l’histoire du monde que des Etats se trouvent ainsi dépendants de structures non étatiques, avec les conséquences que l’on sait dont les principales sont :
- les conditions d’accès au marché des capitaux,
- le poids des intérêts dans les budgets nationaux,
- les déficits budgétaires accrus.
Mais dans notre malheur deux changements sont intervenus à moins d’un an d’intervalle, la désignation de Mario DRAGHI à la tête de la BCE (en juin 2011) à la place de J.C. TRICHET et l’élection de François HOLLANDE en France (en mai 2012) à la place de N. SARKOZY. Mario DRAGHI paraissant plus déterminé à contourner ces traités imbéciles que François HOLLANDE, mais tous deux allant dans la même (et bonne) direction.
Certes, à ce jour, aucun des articles incriminés n’a été modifié. Et, vraisemblablement, ils ne le seront pas et il faudra faire avec. Mais alors que le second a su isoler l’Allemagne, dernier bastion de l’orthodoxie « monétariste » en Europe, le premier, fort de son indépendance, a fait savoir aux marchés que la BCE n’hésiterait pas à racheter de la dette publique, sans limitation de montants. Manière de couper court à toutes tentatives de spéculation contre les dettes dites à tort « souveraines » et rendre accessoires les lignes de défense péniblement élaborées par les Etats (exemple du Fonds Européen de Solidarité).
Ainsi, depuis l’été, on peut affirmer qu’une éventuelle crise monétaire est définitivement écartée et que le pic de la crise financière a été atteint (encore que la question de la dette italienne, et surtout espagnole, reste toujours posée).
Malheureusement le temps perdu à comprendre les vraies raisons de la crise financière (attribuée à tort à la crise bancaire des « subprimes ») et y remédier, aura laissé le terrain libre au développement d’une autre crise, économique celle-là, et qui est loin d’avoir atteint son pic. C’est dans ces conditions que se présente l’année 2013.
Les licenciements en cours et à venir, plus massifs, vont affecter le premier moteur de la croissance, la consommation, plus encore qu’ils ne l’affectent aujourd’hui.
Conséquence les entreprises vont voir leur marché se réduire comme peau de chagrin et donc elles minimiseront leurs investissements, deuxième moteur de la croissance arrêté.
Quand au troisième moteur, la relance par les Etats, il est entièrement bridé par les efforts désespérés des responsables pour tenter de réduire les déficits publics. Non seulement ce moteur sera, lui aussi, en panne mais la marche arrière est embrayée.
Quand au troisième moteur, la relance par les Etats, il est entièrement bridé par les efforts désespérés des responsables pour tenter de réduire les déficits publics. Non seulement ce moteur sera, lui aussi, en panne mais la marche arrière est embrayée.
Ainsi, de quelque coté que l’on veuille bien tourner son regard, tous les voyants sont et seront au rouge.
Reste un dernier moteur, la... planche à billet. Non seulement la BCE aura à injecter massivement des liquidités pour racheter la dette souveraine des Etats en difficulté, mais elle se trouvera forcée d’émettre des liquidités en sus dans le système bancaire pour essayer de compenser les trois autres moteurs à l’arrêt.
On peut donc d’ores et déjà anticiper le retour de l’inflation, dont le seul garde fou sera la récession. Tous les PIB de la zone euro seront négatifs, y compris celui de l’Allemagne, grand responsable de cette situation. L’arroseur arrosé.
Récession + inflation étant les pires ennemis des valeurs boursières un nouveau krack boursier est prévisible.
Ainsi l’aveuglement des dirigeants européens aura conduit à rétablir le mal qu’il voulait combattre par-dessus tout, avec en prime la récession et le chômage.
L’année 2013 (comme souvent les années en treize) sera bien une année « terrible ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire