Il y a plus de cinquante ans (en 1956) un certain Guy Mollet, présidant aux destinées de l’embryon du parti socialiste (la SFIO) d’alors (sous feu la 4ème République), déclarait avoir eu à faire à « la droite la plus bête du monde ». Curieusement cette réflexion est, à peu près, la seule chose qui nous soit restée de cet anglophile de gauche. Et cette survivance, fait encore plus étrange, s’est poursuivie malgré qu’elle n’ait cessée d’être démentie par les faits.
En effet, à peine deux ans plus tard (en 1958), la droite allait occuper le pouvoir pour ne plus le lâcher (ou presque) au cours des cinq décennies qui allaient suivre. On pouvait donc tout dire, à son sujet, sauf qu’elle était bête.
Car il faut bien davantage de talent pour se maintenir que pour arriver. Certes ce talent lui fut davantage profitable qu’à la France et quand viendra le temps de faire le bilan du gaullisme la colonne du passif s’alourdira singulièrement. Mais en attendant la droite de gouvernement aura su faire preuve d’une aptitude à se maintenir rarement atteinte dans l’histoire de la République.
« Si nous ne faisons pas de bêtises nous serons encore au pouvoir dans 20 ans » affirmait le ministre du général, Alain Peyrefitte. Et il n’avait pas tort. Car quand, en apparence, la droite n’était plus au pouvoir ses idées l’étaient. Ainsi du tournant libéral du socialiste François Mitterrand, à peine deux ans après son élection. Ainsi des deux co-habitations de droite qu’il eut à avaler. Ainsi du social-libéral Jospin, pourtant venu de l’ultra gauche. Et il aura fallu 51 ans pour qu’un peu de crédit vienne sur la remarque du « Sfiotiste ». Mais il n’y était plus pour grand-chose. Le problème auquel la droite a à faire face est simple : comment gagner des élections quand on représente une classe privilégiée et ses idées alors qu’une majorité d’électeurs est issue d’un milieu opposé ? La réponse est simple : ne montrer aucune attache avec ladite classe, paraître même mépriser ce qui la distingue : l’argent. « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille» disait le général et le socialiste François Hollande ne pouvait faire moins : « mon ennemi c’est la finance ! ». Non seulement dans les paroles, mais aussi dans l’attitude. Origine simple, attitude égalitaire sont les clés d’une campagne électorale réussie et d’un mandat à renouveler. Ce fut le legs politique de Pompidou à Chirac. Et, entre les deux, Giscard y perdit son destin en s’y essayant avec maladresse.
Mais un certain Sarkozy pensa que les temps nouveaux étaient venus et qu’il pourrait s’affranchir de ces règles de droite. Le yacht de Bolloré, la soirée du Fouquet’s, le mariage à l’Elysée avec une « people »... autant de comportements qui révèlent cette rupture et, pour tout dire, une forme de bêtise que Guy Mollet dénonçait sur sa droite. Et avec lui ses suiveurs. Les vizirs qui veulent être « califes à la place du calife ».
Parmi les principaux, François Fillon au profil si bas que l’évènement improbable qui le propulserait sur le devant de la scène lui passera largement au dessus de la tête. Un autre François, Copé, jouant les « eunuques de harem » avec l’UMP, là où se trament tous les complots. Et que dire d’un Alain Juppé, « le meilleur de la droite » (quid des autres !!!) qui ira échanger son maigre retour de crédit contre un malheureux plat de lentilles ministériel !
Gageons que la bagarre qui va s’ouvrir entre eux ne sera pas indigne des coups de bâton de Polichinelle.
Quand à la gauche, qui semble ne plus goûter au caviar, elle parait avoir fait sienne ces anciennes règles de droite. Et il se pourrait bien, dans ces conditions, qu’une alternance de 50 ans vienne de s’ouvrir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire