FRANCOIS HOLLANDE ET LE PRINCIPE DE PETER
Nous avons eu droit, ce week-end, à une bronca des députés socialistes contre la politique (de rigueur) imposée par l’Allemagne à l’Europe (et la France) et donc contre le Président, ce qui a déclenché l’affolement de l’Elysée et de son premier ministre. Mieux vaut tard que jamais. Voici ce que nous écrivions, il y a près de deux ans, à ce sujet (voir
« Triple A pour triples ânes »).
« … Rappelons d’abord qu’il n’y a pas encore si longtemps, de 1862 à 1945, l’Allemagne avait poursuivi une politique constante : assurer sa suprématie en Europe au besoin par « le fer et par le sang », suivant la phrase célèbre de son initiateur, Bismarck. Le terrible échec de cette politique qui, peu s’en fallut, avait conduit l’Europe et cet Etat au bord de l’anéantissement imposait aux hommes politiques allemands d’après guerre, une révision drastique de la politique de leur pays. Après la phase de reconstruction, qui prit une dizaine d’années, la mise en place des institutions européennes devait ouvrir la voie à cette autre politique, « par le commerce et l’industrie ». Jusqu’à ce que, les progrès aidant et à la faveur de ces trois évènements, les trois derniers chanceliers, Kohl, Schröder et Merkel (qui n’a d’ange que le prénom) puissent, discrètement, renouer avec cette finalité dominatrice. Un socialiste et deux conservateurs, mais toujours un même objectif…
… Jusqu’à la phase de réunification allemande, la France était l’incontestable leader en Europe. On l’a vu avec les couples : de Gaulle – Adenaueur, Pompidou – Brandt, Giscard – Schmidt. Et l’apparence de ce leadership fut encore sauf avec Mitterrand et Kohl, ce dernier ayant su garder profil bas (et généreux) pour écarter les principaux obstacles à la réunification allemande (Russie et France). Mais déjà, grâce à son antériorité, il prenait le dessus sur un président Chirac affaibli sur la scène européenne à la suite d’une cohabitation forcée. Il faut bien reconnaître que la charrette française, ainsi tirée à « hue et à dia » lors du mandat Schröder, a grandement favorisé les plans de l’Allemagne lors des négociations finales sur l’euro…
… Et le président français (Sarkozy), mal inspiré, a laissé échapper une chance historique de sauver l’Europe de la récession et de restaurer la primauté de la France (et, accessoirement, sauver sa tête à la prochaine élection.
Ecrit 8 mois avant l’élection de 2012). Plutôt que de s’aligner, il devait engager le choc frontal avec l’Allemagne, lui imposer la révision drastique des traités européens et du rôle de la BCE (lire « La crise et les fauteurs de crise »).* La seule (horrible) idée de créer un euro concurrent (la mauvaise monnaie chasse la bonne, loi de Gresham) en réunissant les pays placés dans la nécessité de voir leur dette refinancée par une nouvelle banque centrale, était suffisante à faire plier l’Allemagne.
Il y aurait eu de l’inflation ! Sans aucun doute, mais modérée en raison des croissances nulles, voire négatives, actuelles. Et entre deux maux ne faut-il pas choisir le moindre ? De l’inflation avec de la croissance ou une récession qui s’auto alimente avec, bientôt, de la déflation ?...
… Est-ce ce souci de moralité qui fit que l’Allemagne a imposé son diktat à l’Europe ? Il faut être naïf comme des gouvernants français pour le croire. Où a-t-on vu que les Etats aient une moralité ? Ils n’agissent qu’en fonction de leurs intérêts. C’est donc l’intérêt de l’Allemagne qu’il fallait rechercher.
Avant l’introduction de l’euro la France était exportatrice et les échanges avec l’Allemagne, balancés. Mais il y avait une petite différence entre les deux pays, l’Allemagne était « naturellement » exportatrice alors que la France (comme d’autres Etats européens) devait régulièrement dévaluer sa monnaie pour remettre ses produits à parité. Mais pour quelle raison ? Tout simplement pour évacuer le surcoût de sa protection sociale. Et ce mécanisme, la dévaluation, fut le principal obstacle à l’expansion économique allemande en Europe. L’adoption de la monnaie unique devait éliminer cet obstacle d’autant que, on l’a vu, la conversion du mark eut pour effet de baisser le prix des produits allemands à l’exportation (2,5%). Et il faut bien reconnaître que les gouvernants français d’alors ( Mitterrand, Chirac et Jospin) se firent, comme nos actuels gouvernants, bien enfumés… »
(Extrait de « Triple A pour triples ânes », 2011, par G BOUDIN de l’ARCHE)
Nous félicitons les députés socialistes pour avoir, enfin, ouvert les yeux et déplorons l’aveuglement de leurs dirigeants, validant l’axiome de Peter «
plus on s’élève dans une hiérarchie plus on approche de son niveau d’incompétence. En sorte qu’au sommet on ne rencontre plus que des incompétents ».
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