ABUS DE FAIBLESSE !
Un pingouin roitelet d’un morceau de banquise
de l’espèce manchot mais point celle d’empereur
vint à fréquenter, à s’en faire quémandeur,
la demeure cossue d’une riche marquise.
Avide d’argent et de reconnaissance
assez pour y paraître signalé débiteur
ce manchot patinait dans la place en douceur,
fier de fréquenter les gens de belle aisance.
La chose eut été de peu de conséquences,
il n’est point criminel de vivre en pique-assiette,
si ladite marquise n’avait perdu la tête
dilapidant son bien sans reçus ni quittances.
La bourse regonflée des écus de la duègne,
le manchot fût tôt prêt à battre la campagne,
à ne pas ménager ses efforts ni sa hargne
quand arriva le temps du changement de règne.
La gens des pingouins crût que cette énergie
serait de bon aloi pour la communauté,
mais dut vite déchanter pour certains « à coté »
et deniers de la troupe partis en gabegie.
Après cinq ans passés on lui fit préavis
et avec vint le temps d’établir l’inventaire.
De cette peine et du soin furent dépositaires
les juges, d’épingler le pingouin, bien ravis.
N’avait-il profité, abusé la marquise,
sans regrets ni remords qui requièrent confesse ?
N’était-il pas coupable d’un abus de faiblesse,
délit plus que honteux valant bien les assises ?
Le plus simple eut été faire avouer la vieille,
qu’elle parle, au besoin qu’on applique la question !
Mais d’anciennes pratiques il n’était plus question,
d’autant que la sujette sucrait fraises et oseille.
Qu’à cela ne tienne, on avait des témoins !
Il était, en ces lieux, plus d’un oeil indiscret
de ceux qui ont du mal à garder le secret
qui se mettent à table et parlent de besoin.
Combien furent les visites rendues à la marquise ?
Une seule, affirmait-il, et pour faire bonne mémoire
sans qu’il y soit question de manger et de boire,
ni marque d’affection, ni échange de bises.
Au moins deux, jurèrent les pingouins du service !
Ainsi fut établi qu’il en avait menti
de la fréquentation et nul ne consentit
y voir là un oubli, une bévue de novice.
Pour les juges la marquise avait le cul cousu
de fils d’or et d’argent. Assez pour attirer
un manchot sans scrupules. Et non pas ces attraits
qu’on prête, en général, aux faiseuses de cocus.
Tenez-vous à l’écart des juges trop gentils !
Ayez de bons mobiles pour vos fréquentations
pas l’attrait de l’argent, sans une déclaration,
car le danger est grand de passer pour un vil !
GBA à la Fontaine
28.03.2013
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