L’information est passée (presque) inaperçue. De retour du Maroc Nicolas Sarkozy, enfin libéré de ses obligations présidentielles, s’est rendu au cinématographe en compagnie de Bernard Henri Lévy pour assister à la projection d’un fil documentaire réalisé par, et à la gloire de ce dernier, « le serment de Tobrouk » ! ?
Mais on croyait ces deux hommes se détester ? Depuis le « discours de Dakar » BHL n’avait pas de mots assez durs pour qualifier Nicolas lequel, en retours, tançait ces intellectuels « bobo » qui passaient leur temps à donner des leçons de morale aux autres, coté rive gauche bien entendu, au Café de Flore ou chez Lipp.
Et, de fait, tout les séparait. Quand l’un affichait une droite décomplexée l’autre se posait en penseur de gauche ! Et en matière de pensée n’étaient-ils pas aussi opposés ? Quand l’un affichait son trop peu, au point de devoir s’entourer de supplétifs chargés de lui transfuser idées et les mots qui vont avec, pas toujours pertinents, le trop plein de l’autre était tel qu’il devait laisser, en permanence, le col de sa chemise entrouvert pour évacuer l’excédant d’air brassé.
Mais, c’est bien connu, les extrêmes se touchent. Et c’est la terre d’Afrique qui leur révélera leur communauté d’appartenance. Si pour l’un l’homme africain n’était pas rentré dans l’histoire (quid de l’origine de l’homme sorti du rift africain ?) il était temps de lui montrer la voie, en Côte d’Ivoire et en Libye.
Et tant mieux pour l’autre, grand pourvoyeur d’idées généreuses et d’actions romancées. N’y avait-il pas en Afrique la plus grande concentration de dictateurs au monde, la plupart oppresseurs de leurs peuples ? Un réservoir inépuisable pour intellectuels engagés, spécialistes en appels à la conscience humaine !
Ah ! Mourir à Missolonghi, comme Byron ! Ah ! Se battre pour la liberté, comme Bonaparte aux pieds des pyramides ! Mais ce n’est qu’à Benghazi que le pacte « turlupinesque » sera scellé, au dépend de celui qu’on avait accueilli comme un demi-dieu à Paris et sans souci des conséquences. L’important c’était satisfaire, sans délai, les pulsions nombrilistes d’adolescents en mal d’identité. S’embarquer pour l’Histoire sur le premier boat people venu, n’importe les vents et les courants. Pourvu qu’on y soit ! Voilà qui les unit.
Mais il y a plus. Un goût commun, et moins romantique, pour l’argent. Facile pour l’un, naît avec. Pour l’autre glané, çà et là, sur les marches du pouvoir. L’un arrivé, l’autre arriviste. L’argent et tout ce qui va avec : des chanteuses à tendance effeuillage logées dans des résidences pour « contes des mille et une nuits » au Maroc. Bref une vie au dessus du « commun » et surtout la montrer.
Mais leur monde n’est plus héroïque il est, comme eux, parsemé des dernières paillettes de la fête quand les invités sont partis et qu’il ne reste plus que les serpentins et les cadavres des bouteilles. Et leur geste ne sera pas gravée dans le marbre. Simplement impressionnée sur de la cellulose. Comme n’importe quelle annonce publicitaire, en somme !
- A propos, avez-vous « vu » le dernier BHL ?
- Vous voulez dire « lu » !
- Non j’ai bien dit « vu » !
- J’ignorais qu’il était cinéaste ?
- Pas cinéaste, acteur, avec Nicolas Sarkozy !
- Dans quels rôles ?
- Des rôles de composition. D’après ce que je sais l’histoire d’un président et de
son mentor qui prennent un taxi pour Tobrouk !
- Ce titre me dit quelque chose.
- A moi aussi, mais je crois bien qu’il s’agissait de la première version !
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