lundi 10 mars 2014

LE PINGOUIN ET LE RENARD





 




LE PINGOUIN ET LE RENARD




 


 
Un pingouin, certes manchot, mais non point empereur,
de sa vie n’avait lu que l’extrait de naissance,
résumant à fort peu savoir et connaissances,
qui fixent les limites à tout entrepreneur.

L’ambitieux animal qui voulait être roi
comprit qu’il lui fallait augmenter son savoir,
chercha donc tout autour à qui faire le devoir
qui saurait faire grossir son esprit à l’étroit.

Il s’en trouva plusieurs pour nourrir sa pensée,
preuve que son cerveau était toujours bien chiche,
l’un à gauche, l’autre au centre, il se dit bien que riche
d’un troisième sur sa droite ferait bonne pesée.

Mais le troisième larron, qui était un renard,
à force de flatter un cerveau désossé,
(les animaux polaires sont aisés à dresser)
fit tomber le manchot dans un vil traquenard.

Car une fois élu roi par la grâce du flatteur
il lui voua un culte, en apprit toute la messe,
en ardent pénitent qui se rend à confesse
pour y être absous et ressortir vainqueur.

Mais à trop confesser on s’expose à dénonce
surtout si c’est renard qui tient confessionnal
lui par qui, on le sait, peut venir tout le mal
d’un chanteur maître de secrètes annonces.

Or la gloire est changeante, elle change de main.
Quand vint le temps du renouvellement de bail
le pingouin fut défait sur le champ de bataille
par un autre pingouin pourtant sans lendemain.
 
Méfions-nous des flatteurs qui donnent la leçon,
un corbeau plus malin y laissa un fromage,
à force de flatteries, croulant sous les hommages
de qui vit aux dépens, qui demande rançon.

Pour n’avoir rien appris de monsieur la Fontaine,
de l’ancienne sagesse tirée du vieil Esope,
des fables que l’on conte à travers toute l’Europe,
un manchot ignorant en subit double peine.

 GBA à la Fontaine
10.03.2014




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