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mercredi 19 septembre 2012

2013 « L’ANNEE TERRIBLE


« Ce n’est pas le déficit qui est cause de la crise, mais la crise qui est cause du déficit ». Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie

Nous n’avons cessé de le dire. La crise actuelle est une crise financière et européenne, qui s’exporte au monde entier. Pas une crise monétaire, l’euro s’étant imposé très vite comme l’une des deux grandes monnaies de réserve, sur laquelle veille ses détenteurs comme à la prunelle de leurs yeux (n’en déplaise aux « cassandres » de tout bord).
Non, il s’agit bien d’une crise financière provoquée par les virus inoculés (par des irresponsables) dans les traités européens, plus précisément les articles 104 (traité de Maastricht) et 123 (traité de Lisbonne), faisant interdiction à la BCE de souscrire aux obligations émises par les Etats membres (encore que les organisations étatiques ne soient pas spécifiquement désignées), au nom de la lutte contre l’inflation. Résultat : la mise sous tutelle desdits Etats envers les marchés de capitaux et les agences de notation qui en sont les régulateurs.
C’est la première fois dans l’histoire du monde que des Etats se trouvent ainsi dépendants de structures non étatiques, avec les conséquences que l’on sait dont les principales sont :

- les conditions d’accès au marché des capitaux, 
- le poids des intérêts dans les budgets nationaux, 
- les déficits budgétaires accrus.

Mais dans notre malheur deux changements sont intervenus à moins d’un an d’intervalle, la désignation de Mario DRAGHI à la tête de la BCE (en juin 2011) à la place de J.C. TRICHET et l’élection de François HOLLANDE en France (en mai 2012) à la place de N. SARKOZY. Mario DRAGHI paraissant plus déterminé à contourner ces traités imbéciles que François HOLLANDE, mais tous deux allant dans la même (et bonne) direction.

Certes, à ce jour, aucun des articles incriminés n’a été modifié. Et, vraisemblablement, ils ne le seront pas et il faudra faire avec. Mais alors que le second a su isoler l’Allemagne, dernier bastion de l’orthodoxie « monétariste » en Europe, le premier, fort de son indépendance, a fait savoir aux marchés que la BCE n’hésiterait pas à racheter de la dette publique, sans limitation de montants. Manière de couper court à toutes tentatives de spéculation contre les dettes dites à tort « souveraines » et rendre accessoires les lignes de défense péniblement élaborées par les Etats (exemple du Fonds Européen de Solidarité).

Ainsi, depuis l’été, on peut affirmer qu’une éventuelle crise monétaire est définitivement écartée et que le pic de la crise financière a été atteint (encore que la question de la dette italienne, et surtout espagnole, reste toujours posée).

Malheureusement le temps perdu à comprendre les vraies raisons de la crise financière (attribuée à tort à la crise bancaire des « subprimes ») et y remédier, aura laissé le terrain libre au développement d’une autre crise, économique celle-là, et qui est loin d’avoir atteint son pic. C’est dans ces conditions que se présente l’année 2013.

Les licenciements en cours et à venir, plus massifs, vont affecter le premier moteur de la croissance, la consommation, plus encore qu’ils ne l’affectent aujourd’hui. 
Conséquence les entreprises vont voir leur marché se réduire comme peau de chagrin et donc elles minimiseront leurs investissements, deuxième moteur de la croissance arrêté.
Quand au troisième moteur, la relance par les Etats, il est entièrement bridé par les efforts désespérés des responsables pour tenter de réduire les déficits publics. Non seulement ce moteur sera, lui aussi, en panne mais la marche arrière est embrayée.

Ainsi, de quelque coté que l’on veuille bien tourner son regard, tous les voyants sont et seront au rouge.

Reste un dernier moteur, la... planche à billet. Non seulement la BCE aura à injecter massivement des liquidités pour racheter la dette souveraine des Etats en difficulté, mais elle se trouvera forcée d’émettre des liquidités en sus dans le système bancaire pour essayer de compenser les trois autres moteurs à l’arrêt.

On peut donc d’ores et déjà anticiper le retour de l’inflation, dont le seul garde fou sera la récession. Tous les PIB de la zone euro seront négatifs, y compris celui de l’Allemagne, grand responsable de cette situation. L’arroseur arrosé.

Récession + inflation étant les pires ennemis des valeurs boursières un nouveau krack boursier est prévisible.

Ainsi l’aveuglement des dirigeants européens aura conduit à rétablir le mal qu’il voulait combattre par-dessus tout, avec en prime la récession et le chômage.
L’année 2013 (comme souvent les années en treize) sera bien une année « terrible ».

QUAND C’EST FLOU...

... c’est qu’il y a un loup » disait la grand-mère de Martine Aubry. Ce slogan dont le phrasé, à peine modifié, pourrait être une vexante parodie de l’annonce publicitaire d’un célèbre fabricant de lunettes, pourrait bien finir par toucher du doigt le point faible du mandat présidentiel qui vient de s’ouvrir.
Certes le nouveau Président ne commet pas les fautes grossières de son prédécesseur, dont le mandat aurait pu se résumer par ce titre d’une comédie de Shakespeare, «Beaucoup de bruit pour rien », mais il donne la fâcheuse impression, non seulement d’être dépassé par les évènements (ce qu’on peut admettre face à l’ampleur de la tache) mais aussi par les hommes (et femmes) qui l’entourent, ce qui est moins admissible dans sa fonction.

Après avoir répété, tel Caton l’ancien, que la réforme du traité de Lisbonne, et en particulier son article 123 (voir l’article précédent « Encore un petit effort M Draghi »), est un préalable sans lequel aucun redressement économique n’est envisageable, j’ajoute que la chute actuelle des taux d’intérêt sur les marchés financiers pour les emprunts d’Etat ne doit pas faire illusion et que toute ratification du pacte budgétaire serait prématurée. D’autant que la France vient d’entrer en récession pour une période indéterminée, mais certainement longue. Attendons de voir ce que les socialistes néerlandais, attendus au pouvoir, feront.

Et ce constat, du moins en partie, a du être effectué dans l’entourage proche du Président. Il est donc vraisemblable que dans cet entourage quelques uns anticipent déjà un échec. Ce qui les pousse, des maintenant, à se démarquer. Ils sont faciles à identifier d’autant qu’ils figuraient tous comme candidats aux primaires socialistes :

Le plus manifeste, aujourd’hui, est Manuel Valls qui suit une démarche à la Sarkozy. Ministre de l’intérieur à poigne (on verra si c’est une poigne de communication, comme son prédécesseur, ou une poigne d’action). Et le mimétisme ne s’arrête pas là. Fils d’immigré, ancien maire, actif, privilégiant les opérations « coups de poing » (voir les expulsions de Roms). Si on devait le voir un jour en jogging devant les caméras, l’illusion serait totale. Prendra-t-il François Hollande pour un Jacques Chirac bis ?

Mais il y a aussi Arnaud Montebourg qui fait entendre sa petite différence. Contre les dirigeants de Peugeot, en faveur du nucléaire. Sa veine à lui ce serait plutôt la gauche nationale, pas très éloignée de celle de Mélenchon.

Enfin Martine Aubry qui, trop contente de la situation dégradée actuelle se gardera bien de renoncer à la direction du parti socialiste. Pour preuve la bataille qu’elle vient d’engager pour le non cumul des mandats. Et on ne tardera pas, au train où vont les choses, à voir ressortir des placards, de manière feutrée, la « gauche molle » accompagnée d’un « je vous avais bien prévenu ».

Ainsi, 100 jours à peine après sa prise de fonction, la campagne pour les élections présidentielles de 2017 est déjà lancée. Et si François Hollande n’a pas grand-chose à craindre sur sa droite (qui va se diviser profondément entre des candidats à petite pointure), il a tout à craindre sur sa gauche d’une coalition hétéroclite mais qui lui fera payer cher un échec économique. Et sa survie politique risque d’être aussi courte que celle de son prédécesseur et pour les mêmes motifs :
ne pas avoir su appréhender le problème principal et l’éradiquer, le traité de Lisbonne et son article 123. La petite accalmie de cet été sur les places financières due aux propos du président de la BCE, Mario Draghi, en a bien été la preuve. Mais maintenant il faut des actes.

mardi 31 juillet 2012

ENCORE UN PETIT EFFORT M. DRAGHI !


La faille du traité de Lisbonne.

 
La crise financière (puis économique) qui traverse l’Europe depuis début 2010 ne doit rien (ou très peu) à la crise des « sub-primes » qui s’était déclenchée deux ans plus tôt aux Etats-Unis. Elle doit tout, au contraire, au traité de Lisbonne signé en octobre 2007 et plus particulièrement à son article 123.
Que dit cet article, « Il est interdit à la Banque Centrale Européenne (BCE) et aux banques centrales des Etats membres d’accorder des découverts ou tout autres types de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publiques des Etats membres. L’acquisition directe auprès d’eux par la BCE ou les banques centrales nationales des instruments de leur dette est également interdite ».
Cet article, qui est la reprise intégrale de l’article 104 du traité de Maastricht, fut directement inspiré des statuts de la Bundesbank allemande et, plus loin en arrière, du dogme économique de l’école monétariste de Chicago (lire « Triple A pour triples ânes »)
 
Mais en termes économiques il s’agissait d’une énormité puisque le résultat prévisible était de livrer les Etats impécunieux (par nature) au diktat des prêteurs privés, secondés par les agences de notation, et les soumettre à la loi du marché en matière de taux d’intérêts. Bref le b... en Europe.
 
Parmi les triples ânes (lire « Triple A pour triples ânes ») qui y ont concouru il convient de saluer le calamiteux Nicolas Sarkozy qui, non content d’être un des initiateurs du traité, précipitera la France dans le cycle ci-dessus, et établissant le triste record de la plus forte croissance de l’endettement du pays (700 milliards d’euros) jamais réalisée au cours d’un seul mandat.
La priorité des priorités du nouveau président serait donc de changer cet article 123 en inversant les propositions, « Il est interdit aux Etats membres d’emprunter ailleurs qu’auprès de la BCE.... seule autorisée, dans le cadre de sa politique de gestion monétaire, à emprunter sur les marchés ». Nous l’avons écrit et répété à l’intéressé et attendons de voir.
 
Mais le temps presse et il semble que le nouveau président de la BCE, à la différence de son prédécesseur, ait compris tout l’enjeu. Pour contourner l’absurdité de l’article 123 il a, dans un premier temps, consenti des prêts aux banques européennes chargées, à leur tour, de prêter aux Etats. 490 milliards d’euros en décembre 2011, 530 milliards en février 2012 (contre 190 milliards d’euros d’emprunts publics acquis par la BCE pour les deux exercices 2010 et 2011). Malgré tout une goutte d’eau par rapport à l’endettement global des pays de la zone euro, plus de dix mille milliards d’euros.
Aujourd’hui, peut être repenti d’avoir contribué au traité de Lisbonne en tant que gouverneur de la banque centrale italienne mais aussi désireux de faire oublier son passage chez Goldman Sachs, Mario Draghi déclare « vouloir faire tout ce qui est nécessaire, dans les limites de son pouvoir, pour préserver l’euros », propos unanimement salués sur tous les marchés.
Nous voulons donc apporter notre concours pour que Mario Draghi devienne, effectivement, le « super Mario » que l’Europe attend en lui indiquant que son pouvoir (il est élu pour 8 ans et ne relève d’aucune autorité européenne) est beaucoup plus grand qu’il ne le croyait. Et pour cela nous l’invitons à lire attentivement le calamiteux article 123 du traité honni. Et il pourra constater, comme nous, que l’interdit vise tout ce qui existe en Europe, sauf les Etats membres (qu’on ne saurait assimiler à des institutions puisque instituer signifie créer et la CE n’a pas créé d’Etats, mais plutôt ce sont les Etats qui ont crée la CE et toutes les institutions qui vont avec). Erreur bénie de rédacteurs et complices punis de leur inconscience.
 
Ainsi la voie est libre. Nul besoin d’autorisation pour que la BCE intervienne massivement sur les dettes souveraines de la zone euro, comme le fait la Réserve Fédérale (qui n’a jamais appliqué les règles monétaristes). Elle aura seulement à fixer aux Etats les règles budgétaires à observer, en contrepartie de son intervention. Ainsi ces règles échapperont, elles aussi, au traité de Maastricht.
 
On arrive donc à cette absurdité que l’indépendance (justifiée) de la BCE, instaurée par l’article 108 du traité de Rome, a fait de son président (s’il veut bien prendre toute la mesure de son champ d’action) l’homme le plus puissant d’Europe, et de loin, sans aucun besoin d’avoir été soumis à un quelconque suffrage!!! Erreur démocratique grossière des rédacteurs des traités, mais aujourd’hui erreur salutaire si l’homme a le caractère assez trempé. De ce pouvoir ainsi acquis nous ne lui ferons aucun grief.