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vendredi 13 juillet 2012

IL FAUT RÉFORMER LE TRAITÉ DE MAASTRICH

Monsieur le Président,

Il semble que vous ayez obtenu pour premier résultat, lors de la réunion au sommet de Bruxelles des 28 et 29 juin dernier, un début d’entente sur vos objectifs économiques avec l’Espagne et l’Italie (dont les résistances, inattendues, laissent entendre que vous n’y étiez pas étranger). Et il est indispensable en effet que, face à l’Allemagne, vous suscitiez dans l’euro groupe autant d’adhésions que possibles. Comptez sur les évènements pour favoriser cette stratégie.
Le déblocage obtenu de 120 à 130 milliards d’euros + le soutient aux banques espagnoles et italiennes en fut le premier fruit salué, comme il se doit, par les places financières. C’est bon signe. Malgré tout cela ne représente que 1% de l’endettement global des Etats membres et, passé l’optimisme du jour, le pessimisme reprendra vite le dessus. Pour sortir de la crise il faudra 40 fois plus. 5 à 6 000 milliards d’euros (voir « Triple A pour triples ânes »).
Mais aussi vous voilà confronté au vieux dilemme « qui vient en premier, de l’œuf ou de la poule ? », la rigueur budgétaire ou la politique de croissance, la stratégie allemande ou française (nouvelle) ? La réponse est simple : les deux ensembles à condition qu’elles soient liées par le chaînon manquant.

On voit bien, aujourd’hui, que l’équilibre budgétaire des Etats est un objectif inaccessible sauf à mettre en péril des PIB stagnants, voir en récession. Au moins 20 à 30 milliards d’euros d’économies pour la France. Pourtant, au sein des budgets nationaux, il existe un poste contreproductif, le seul sur lequel on peut (et doit) exercer une pression répondant à ce double impératif. C’est le chaînon manquant : les intérêts de la dette (50 milliards d’euros pour la France).
 
En contrepartie d’une rigueur accrue et contrôlée des budgets nationaux, la BCE devrait pouvoir racheter les obligations du Trésor arrivant à échéances. Faire ainsi baisser le poids de la dette de 3 à 1% d’intérêt (si cas de la France) de 7 à 1% (si cas de l’Espagne). Seule l’Allemagne perdra le bonus dont elle tire avantage. Mais avantage illusoire si la crise s’aggrave.
Et pour l’avenir renverser la proposition. Si la zone euro doit veiller à l’équilibre des budgets des Etats membres, en toute logique il lui faudra interdire (sauf dérogation) aux Etats membres de pouvoir emprunter directement sur les marchés financiers. Fonction qui ne peut qu’être que du seul ressort de la BCE !
 
Ainsi nul besoin d’euros bonds, source inutile de conflits. Point besoin d’abandons nouveaux de souveraineté. Et aucun Etat ne sera tenu de payer pour les autres. Mais qui paiera ? Le monde entier, l’euro étant une monnaie de réserve (30 à 40% des échanges) sous forme d’inflation (modérée en raison de la récession) ce qui, 2ème avantage, « boostera » les exportations de la zone euro.
 
Vous n’avez plus, désormais, qu’un seul ennemi : le dogme imbécile de l’école monétariste (voir «Triple A pour triples ânes »), le prêt-à-penser de l’Allemagne. Donc un seul combat, mais qui nécessite l’alliance que vous venez d’esquisser à Bruxelles. Et, comme Caton l’ancien, votre seul leitmotiv sera : « il faut réformer le traité de Maastricht ! »
 
Voilà, M le Président, le premier de vos trois impératifs (et non 50 propositions) pour que votre mandat ne présente pas la vacuité de celui conduit par votre prédécesseur qui vouait la France à n’être plus qu’une zone économique de troisième ordre. 
Les deux autres impératifs seront énoncés sous peu.

jeudi 17 mai 2012

LETTRE OUVERTE




                                                                                     Monsieur le Président de la République 
                                                                                     59, av de Ségur 
                                                                                     75007 PARIS

Monsieur le Président,

Il y a huit mois (le 08.09.2011) notre site publiait le 1er de trois articles (la crise et les fauteurs de crise ; Un Munich cannois ; Vers l’Europe allemande ?) qui devaient être par la suite réunis sous format d’un livret, Triples A pour triples ânes, dont vous trouverez ci-joint un exemplaire. Ce « petit précis de sortie de crise" est, depuis votre élection, plus d’actualité que jamais. En effet le troisième article se concluait par «IL NE FAUT PAS RATIFIER CE TRAITE », il s’agissait, bien évidemment, du traité de Bruxelles des 8 et 9 décembre 2011. Or il est manifeste que nous partageons, sur la question, un même point de vue. Mais quid de la suite à laquelle vous serez confronté sous quelques jours ?

Rappelons brièvement le constat : 
- le traité de Maastricht n’autorise pas la BCE à prêter aux Etats membres, 
- l’endettement global de ces Etats membres dépasse les dix mille milliards
d’euros (dont 1 800 milliards pour la France), 
- le remboursement de 50% de cette dette, en admettant que les budgets nationaux deviennent excédentaires, prendrait une centaine d’années, 
- ce traité ne profite qu’à un seul pays de la zone euro : l’Allemagne
(pour plus d’explications voir « Triple A pour triples ânes »)

Il faudrait donc changer le statut de la BCE pour qu’elle puisse racheter, au moins, 50% des dettes souveraines à des taux compris entre 0 et 1% (ce qui contribuerait aussi à faire chuter l’euro et donc booster les exportations). Mais plus facile à dire qu’à faire ! L’Allemagne opposera son véto car il y va de son dogme « monétariste » et de sa suprématie en Europe.


Faut-il alors, comme l’ont suggéré Marine le Pen et Dupont Aignan, sortir de l’euro ? Evidemment pas, mais entre ces deux extrêmes il existe une troisième voie, la création d’un euro bis (à ma connaissance le traité de Maastricht n’impose pas le monopole d’une seule devise en Europe). Euro bis ayant les mêmes fondements que l’euro actuel (sauf pour ce qui concerne la clause d’exclusion de prêts aux Etats membres), et fixant sa parité et sa convertibilité avec l’euro actuel.

A cette fin il suffit d’obtenir l’accord de plusieurs Etats de la zone euro et signer un nouveau traité. Et sur cette question il ne devrait pas y avoir de difficultés à réunir une dizaine d’entre eux.


Conséquences: deux devises convertibles entre elles, l’euro et l’euro bis, circuleraient, dans un premier temps, en Europe (et dans le monde). Mais la première finira par céder le pas à la seconde suivant la loi de Gresham et s’effacer des circuits d’échanges.
L’euro bis permettra d’apurer une partie des dettes souveraines sans effets inflationnistes, en raison de sa convertibilité à parité. Par contre il entrera dans les circuits d’échange avec une décote sur les marchés par rapport à l’euro actuel, ce qui favorisera les exportations de la zone euro bis.

A l’intérieur de la zone euro le déséquilibre des échanges ira en se rééquilibrant, l’Allemagne perdant son avantage compétitif du à la fixité des changes.
Dernier avantage, cette idée d’un euro bis n’aura peut être même pas à être mise en œuvre, l’Allemagne (et d’autres Etats hors de l’euro) se trouvant bien forcée, sous la menace, de devoir accepter une révision drastique du traité de Maastricht.


C’est avec plaisir que nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération la plus distinguée.


G BOUDIN de l’ARCHE