LES DEUX NAINS ET LE BON GEANT
"Extrait des « Contes et fables de l’Omnibus, d’hier et d’aujourd’hui »
Deux nains se disputaient la couronne du royaume
dont l’écho rapportait, à sa façon active,
des « sale mec !», « pauvre con !», leurs courantes invectives,
chacun injuriant l’autre du haut de ses trois pommes.
En ce temps de litige, dans la lointaine Afrique
un bon géant bien noir, bien fort en négritude
à l’allure magnanime, pleine de mansuétude,
vint à rendre son âme au paradis tropique !
Il était un modèle de conduite politique,
un exemple pour tous, blancs et noirs réunis
et nul n’aurait manqué à la cérémonie
qui doterait chacun de son précieux viatique.
Nos hommes se mirent en route pour le pèlerinage
et on crut, un moment, leur querelle épuisée
vu l’ampleur de l’enjeu faite pour l’apaiser,
le pardon et l’oubli étant pour seuls bagages.
Mais ces hommes, après tout, n’étaient autres que nains,
si l’on mit de coté les écarts de langage
il ne fut pas question de commun équipage,
rendez-vous serait pris à la fin du chemin.
« Que vient faire cet intrus qui ne l’a fréquenté !
Voyez cette gravure qui ne me quitte pas
ne suis-je à ses cotés avec ma Carlita
adoubé du grand homme pour me représenter ? »
marmonna le premier qui en eut la réplique,
« voyez-le si dévot envers cet homme noir,
après qu’il lui nia être entré dans l’histoire
s’en servir, aujourd’hui, comme sainte relique ! »
Mais l’instant rendit leur querelle dérisoire,
face à la mort du géant la dispute des vains
enseigna le royaume, privé de lendemain,
qu’alternance de nains serait bien illusoire.
C’est ainsi que l’homme noir, le géant Mandela
par sa mort accomplit un ultime miracle,
telle une prophétie, tel un dernier oracle,
ouvrir les yeux du peuple par de là l’au-delà
Cette leçon valait bien un carrosse en bis,
que le peuple paya suivant qu’il est d’usage
de lui faire tout gober d’après le vieil adage
que demain le chemin sera de fleurs de lys !
GBA à la fontaine
Le 10.12.2013
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